Heureux qui comme Ulysse – le texte
Heureux qui comme Ulysse – Texte original
“Heureux qui comme Ulysse”, texte modernisé
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
Heureux qui comme Ulysse – analyse de la forme
Combien y a-t-il de strophes ?
Une strophe, c’est un paragraphe d’un poème. Il y a quatre strophes dans ce poème.
Combien y a-t-il de vers dans la première strophe ?
Un vers c’est une ligne d’un poème. Dans la première strophe il y a quatre vers. Une strophe de quatre vers s’appelle un quatrain.
Combien y a-t-il de vers dans la troisième strophe ?
Dans la troisième strophe il y a trois vers. Une strophe de trois vers s’appelle un tercet.
Comment s’appelle la forme de ce poème ?
Un poème qui se compose de deux quatrains suivis de deux tercets s’appelle un sonnet.
Combien y a-t-il de pieds dans chaque vers ?
Un pied, c’est une syllabe. Il y a 12 pieds dans chaque vers. Les vers de douze pieds s’appellent des alexandrins.
Heureux qui comme Ulysse – analyse du contexte
Qui était Ulysse ?
Ulysse est le héros d’une des plus célèbres légendes de l’Antiquité grecque qui s’appelle l’Odyssée.
Ulysse est un roi grec qui a dû partir faire la guerre pendant dix ans.
Malheureusement, pendant la guerre, il a mis en colère les Dieux (grecs).
Il est alors puni par les Dieux : il lui faudra dix ans de plus (et beaucoup d’aventures), avant de pouvoir rentrer chez lui !
A votre avis, pourquoi ce poème de du Bellay évoque-t-il le héros Ulysse ?
Joachim du Bellay a écrit ce poème alors qu’il était exilé à Rome. Il souhaitait rentrer en France mais ne le pouvait pas, pour des raisons politiques.
Dans ce sonnet, le poète s’identifie donc à Ulysse, ce héros très connu, qui passe 20 ans loin de sa région natale, et qui n’a qu’un désir : retourner chez lui.
Par ailleurs, on se souvient que les poètes de la Renaissance sont très influencés par l’Antiquité. Le personnage d’Ulysse est bien évidemment une référence très marquée à la Grèce antique.
Le poème commence par : « heureux qui comme Ulysse… » À votre avis, pourquoi Ulysse est-il heureux ?
Tout le monde connaît la fin de l’histoire d’Ulysse. Au bout de 20 ans, Ulysse retourne dans sa famille pour vivre heureux et vieux.
De son côté, au moment où il écrit ces vers, Joachim du Bellay ne sait pas s’il reverra un jour la France. Il considère donc que la situation d’Ulysse est heureuse à côté de la sienne, dans la mesure où Ulysse a pu rentrer retrouver les siens.
Heureux qui comme Ulysse – analyse et compréhension
Dans les deux derniers tercets, Joachim Du Bellay compare deux régions, avec une structure du type « Plus me plaît… que… » Comment comprenez-vous cette structure ?
« Plus me plaît » signifie : je préfère.
Quand le poète écrit : « Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, » cela veut donc dire que le poète préfère le mont Liré, par rapport au mont palatin. (Il compare ici deus montagnes.)
À votre avis, quelles sont les deux régions que compare du Bellay, et quelle région obtient sa préférence ?
On l’a vu, quand il écrit ce poème, du Bellay est en exil en Italie. Il y écrit combien la France lui manque.
C’est donc bien sûr l’Italie qu’il compare ici à la France. Et c’est naturellement sa région de France qui obtient la préférence.
La comparaison entre deux endroits et deux régions
Quelles expressions et quels mots Joachim du Bellay utilise-t-il pour décrire l’Italie et la région de Rome dans laquelle il vit ?
« Des palais Romain le front audacieux » : le poète fait référence aux grands bâtiments de Rome, dont l’apparence est riche, solide et arrogante.
« Le marbre dur » : Le marbre est une pierre coûteuse et élégante, utilisée pour construire une grande partie des bâtiments officiels de Rome, à la Renaissance. C’est aussi un matériau qui peut sembler dur, officiel et un peu impersonnel.
« Le Tibre latin » : c’est le nom du fleuve qui traverse Rome.
« Le mont Palatin » est l’une des collines sur laquelle Roma a été construite.
« L’air marin » : Rome est au bord de la mer. L’air marin est l’air du bord de mer.
Quelles expressions et quels mots Joachim du Bellay utilise-t-il pour décrire sa région natale, qui lui manque ?
« Le séjour qu’ont bâti mes aïeux » : il s’agit de la maison que ses grands-parents ont construite.
« L’ardoise fine » : l’ardoise est une pierre grise que l’on trouve beaucoup dans la région natale de du Bellay. Elle est beaucoup utilisée dans la construction des toits des bâtiments dans le nord-ouest de la France.
« Mon Loire gaulois » : La Loire est le plus long fleuve de France. Elle traverse la région natale de Du Bellay.
« Mon petit Liré » : Le Liré est le village d’origine du poète.
« La douceur angevine » : Du Bellay vient d’une petite ville proche d’Anger. « Angevine » est l’adjectif qui correspond à la région d’Anger. « La douceur angevine » fait référence au climat doux de cette région du nord-ouest de la France.
Une comparaison qui montre la nostalgie de du Bellay pour son pays natal
Quels sentiments ressortent de la description de Rome ?
Le poète décrit la beauté et la richesse de Rome. En parallèle il souligne le caractère dur et impersonnel de cette ville.
Quels sentiments ressortent de la description de la région natale de du Bellay ?
Quand il décrit sa région natale, du Bellay s’attache à décrire les sentiments et les impressions qu’il y rattache. Il évoque des souvenirs qui sont très personnel. On sent toute l’affection, tout l’amour qu’il porte à sa patrie. (La patrie, c’est le pays de son père, de ses parents.)
Dans la comparaison, laquelle de ces deux régions est préférée par le poète ?
Dans la comparaison, c’est à sa patrie que va la préférence du poète. Ce n’est pas une préférence objective, c’est une préférence du cœur. On sent dans ce texte tout l’attachement qu’il porte à sa région natale. Cet amour est sans doute encore grandi par le sentiment d’éloignement forcé. C’est ce qui rend ce texte très beau et très touchant.