Le romantisme – synthèse et explication de la naissance de ce mouvement, de ses grands thèmes et de ses caractéristiques.
Le Romantisme est un courant littéraire européen. En France, on considère qu’il couvre la littérature de la première moitié du dix-neuvième siècle (1801-1850).
Le contexte historique – des espoirs politiques déçus
La Révolution française a mis fin au siècle des Lumières et ouvert la voie à de grandes évolution dans la société. Dans tout le pays, soufflent des idéaux de liberté et de renouveau.
Malheureusement, ces grands espoirs se retrouvent vite confrontés à la réalité : la Première République est instable et perpétuellement secouée par des coups d’état. Puis Napoléon prend le pouvoir, avant d’établir un empire. Pire encore, la monarchie est restaurée, quelques années plus tard. C’est une succession de désillusions pour ceux qui rêvaient d’une société nouvelle est meilleure.
Les rêves glorieux de la révolution laissent place à une jeunesse qui a perdu ses illusions, ses espoirs et ses motivations. Musset appelle cela « Le mal du siècle. »
Le mal du siècle, c’est un sentiment de mélancolie, de tristesse globale qui traduit la difficulté de vivre en société, les espoirs perdus, la fin des idéaux et la nostalgie du temps passé. Ce mal être se situe souvent au cœur de la poésie romantique
Briser les codes du classicisme – Le Romantisme – Synthèse
Depuis le dix-septième siècle en France, les codes de l’écriture ont très peu évolué. Le théâtre, la poésie et les romans sont encadrés par de nombreuses règles, quant à leur forme (par exemple, l’utilisation des alexandrins) ou à leur contenu.
En 1827, dans la Préface de sa pièce de théâtre « Cromwell », Victor Hugo s’oppose à ces règles, et revendique la liberté de créer.
Ses prises de positions très fortes donnent lieu à de véritables bagarres, en 1830, à l’occasion des représentations de la pièce de théâtre Hernani. Les « classiques », défenseurs de l’ordre ancien, s’y opposent aux « modernes », de jeunes auteurs qui se veulent libres et provocateurs.
Le renouveau de l’alexandrin
« J’ai disloqué ce grand niais d’alexandrin »
… se réjouit Victor Hugo, dans les Contemplations (1856).
Disloquer (v.) = casser en morceaux
Niais (adj.) = bête, idiot, peu intelligent
En réalité, Hugo continue à écrire en alexandrin mais en change le rythme, pour le rendre proche du rythme de la parole ou de la pensée.
Dans sa forme classique, l’alexandrin est un vers de douze pieds, avec une pause au milieu (après six pieds) qui s’appelle la césure :
« Ô rage, ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? »
Le Cid (1637), Acte I, Scene 4, de Pierre Corneille
Cette citation de Pierre Corneille est l’une des plus connues du théâtre classique français. Vous devez pouvoir la lire facilement, en respectant le rythme traditionnel des alexandrins.
… Essayez maintenant de faire la même chose avec ces vers de Victor Hugo :
« Oh ! que j’étais heureux ! oh ! que j’étais candide !
En classe, un banc de chêne, usé, lustré, splendide,
Une table, un pupitre, un lourd encrier noir,
Une lampe, humble sœur de l’étoile du soir,
M’accueillaient gravement et doucement. Mon maître,
Comme je vous l’ai dit souvent, était un prêtre
A l’accent calme et bon, au regard réchauffant,
Naïf comme un savant, malin comme un enfant,
Qui m’embrassait, disant, car un éloge excite :
– Quoiqu’il n’ait que neuf ans, il explique Tacite. –
Puis près d’Eugène, esprit qu’hélas ! Dieu submergea,
Je travaillais dans l’ombre, – et je songeais déjà.
Sagesse, Victor Hugo, 1840
De par la ponctuation même des phrases, Victor Hugo empêche l’apparition d’une césure naturelle à la moitié du vers et casse la structure poétique traditionnelle.
Le renouveau de la forme
La liberté que revendiquent ces jeunes auteurs passe par la libération des codes littéraires classiques.
Pour les classiques :
- L’alexandrin était régulier
- Le langage était soigné et élégant
- Les pièces de théâtre se déroulaient obligatoirement sur une période de temps très courte
- Chaque œuvre relevait d’un style unique et bien défini : la tragédie, la comédie, (…), et en respectait les codes.
Les modernes, rassemblés derrière Victor Hugo, refusent tout cela en bloc :
- L’alexandrin est disloqué
- Le langage devient plus simple, plus proche de la réalité, plus populaire parfois
- L’action des pièces de théâtre peut s’étaler sur des décennies
- A l’instar de Victor Hugo, les jeunes auteurs commencent à mêler le comique ou le grotesque (=ridicule) au tragique
Grands thèmes et caractéristiques dans le Romantisme – synthèse
Le romantisme marque un grand tournant, au XIXe siècle. En littérature, il se ne caractérise pas seulement par de nombreux changement dans la forme de l’écriture.
Les thèmes, les idées et l’expression de sentiments sont également renouvelés. En voici certains des traits caractéristiques majeurs :
La recherche de liberté et d’évasion : Les récits s’éloignent de la réalité. Certains auteurs évoquent avec nostalgie des temps passés et révolus (par exemple Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris). D’autres situent leurs œuvres dans des destinations exotiques et plus rêvées que réalistes. Les récits fantastiques se multiplient.
L’importance du « moi » : La perception propre de l’auteur devient centrale dans les œuvres. Ses sentiments, ses doutes, ses inquiétudes occupent fondamentale, et qu’il projette sur l’humanité tout entière.
Le « mal du siècle » est partout : mélancolie, désenchantement (=perte de toute espoir), tourments (=soucis, problèmes du cœur) et solitude sont les maux communs des artistes romantiques.
L’amour et les sentiments sont exacerbés (=accentués), ressentis avec particulièrement de force. En pendant, les blessures de l’amour sont également douloureuses à l’extrême.
La nature : les romantiques retrouvent leurs sentiments dans une nature à leur image. La nature est le reflet des passions, des exaltations et des sentiments tumultueux de l’artiste.
Tous les ouvrages et tous les auteurs romantiques ne respectent bien sûr pas l’ensemble de ces caractéristiques. Mais une nouvelle direction est lancée, dans laquelle s’engagent un grand nombre des artistes de cette époque.
La Peinture et ses thématiques, durant le Romantisme – synthèse
Voici un tableau de Caspar David Friedrich qui s’intitule Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818). Ce tableau est particulièrement représentatif du romantisme.
A l’aide des informations vues en cours, expliquez pourquoi.
Quelques éléments de réponse :
- L’homme (le moi) est au centre du tableau. Le paysage est propice à la méditation sur la place de l’homme et la place de l’artiste.
- La solitude du personnage met en scène son mal-être, sa mélancolie ou au moins une perte de repères (=il ne sait pas où il va dans cet infini)
- La nature représente l’état d’esprit de l’artiste.
- L’homme a le regard perdu au loin : on retrouve le thème de l’ailleurs
- Le paysage apparait comme un symbole de la passion (passion de la nature, passion de l’homme)
- Ce tableau est construit comme une méditation devant la puissance de la nature
(Beaucoup d’autres éléments de réponse peuvent être ajoutes. La lecture d’un tableau est toujours personnelle.)