Guy de Maupassant et le naturalisme

Guy de Maupassant et le naturalisme

Etude, Guy de Maupassant et le naturalisme – Sources de l’image

Guy de Maupassant et le naturalisme – Éléments biographiques

Guy de Maupassant est un écrivain français de la fin du dix-neuvième siècle. Il a écrit six romans, ainsi que plus de 300 nouvelles, qui ont fait sa célébrité.
On rattache généralement Maupassant aux courants réalistes et naturalistes. Il a également écrit un certain nombre de nouvelles fantastiques.
(Le genre fantastique se caractérise par l’intervention de phénomènes surnaturels et inexpliqués, dans des récits réalistes.)

Guy de Maupassant passe sa jeunesse en Normandie. Il est bon élève et aime la littérature. Il côtoie en particulier un certain Gustave Flaubert, qui pendant des années, le formera et lui fera des recommandations, en vue d’améliorer son style et son écriture.
A vingt ans, Guy de Maupassant s’engage dans l’armée, et combat lors de la guerre de 1870. A la fin de la guerre, il travaille au ministère de la Marine, puis au ministère de l’instruction publique. En parallèle, il écrit avec passion : des nouvelles, des articles, du théâtre.

Boule de Suif, la première nouvelle qu’il publie, en 1880, rencontre un vif succès et installe sa réputation d’écrivain. De 1880 à 1890, il écrit beaucoup, connait la célébrité et se construit une fortune. Ses romans les plus célèbres sont Une Vie (1883), Bel-Ami (1885) et Pierre et Jean (1888). Il les construit souvent à partir des observations de ses nouvelles.

Vers la fin de sa vie, Maupassant sombre dans des crises de folie de plus en plus régulières. Il finit par mourir en 1893.

La Parure – extrait – Guy de Maupassant et le naturalisme

C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés. Elle n’avait pas de dot, pas d’espérances, aucun moyen d’être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué; et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l’instruction publique.
Elle fut simple ne pouvant être parée, mais malheureuse comme une déclassée; car les femmes n’ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur finesse native, leur instinct d’élégance, leur souplesse d’esprit, sont leur seule hiérarchie, et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames.
Elle souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle souffrait de la pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l’usure des sièges, de la laideur des étoffes.

La Parure, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant

La Parure, Contes du Jour et de la Nuit – questions

La littérature de Guy de Maupassant est à la fois extrêmement précise et vivante. Il y décrit des « personnes normales », dans ces environnements variés, mais qu’il connaît bien, pour les avoir longuement fréquentés et observés. (Ses sujets de prédilections tournent souvent autour de la Normandie, la vie parisienne, la guerre de 1870, la vie des bourgeois de province, la Corse…)

Qui est décrit dans le début de cette nouvelle ? De quel type de personne s’agit-il ?
Dans quel milieu évolue-t-elle ?


La Parure, Contes du Jour et de la Nuit – réponses

Au début de cette nouvelle, Guy de Maupassant fait le portrait d’une jeune femme qui évolue dans un milieu modeste (« famille d’employés ») et parisienne (elle épouse un employé de « ministère » et tous les ministères sont à Paris.)
Elle est belle mais doit vivre une vie modeste, qui la déçoit beaucoup : « elle souffrait sans cesse, se sentant née pour tous les luxes. »
En peu de mot, Maupassant a campé un personnage réaliste, dont on comprend l’environnement, les aspirations et les déceptions !

Le Vieux – extrait – Guy de Maupassant et le naturalisme

“Les femmes entraient pour regarder le mourant. Elles se signaient auprès du lit, balbutiaient une prière, ressortaient. Les hommes, moins avides de ce spectacle, jetaient un seul coup d’œil de la fenêtre qu’on avait ouverte.
Mme Chicot expliquait l’agonie:
—V’là deux jours qu’il est comme ça, ni plus ni moins, ni plus haut ni plus bas. Dirait-on point eune pompe qu’a pu d’iau?
Quand tout le monde eut vu l’agonisant, on pensa à la collation; mais, comme on était trop nombreux pour tenir dans la cuisine, on sortit la table devant la porte. Les quatre douzaines de douillons, dorés, appétissants, tiraient les yeux, disposés dans deux grands plats. Chacun avançait le bras pour prendre le sien, craignant qu’il n’y en eût pas assez. Mais il en resta quatre.
-Maître Chicot, la bouche pleine, prononça:
—S’i nous véyait, l’ pé, ça lui f’rait deuil. C’est li qui les aimait d’ son vivant.
Un gros paysan jovial déclara:
—I n’en mangera pu, à c’t’ heure. Chacun son tour.”

Le Vieux, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant

Le Vieux, Contes du Jour et de la Nuit – commentaire

Dans cette nouvelle, Maupassant décrit un épisode de la vie de paysans normands.
Le grand-père est sur le point de mourir, alors qu’a l’extérieur, la famille se voit très occupée par les travaux des champs.
Pour gagner du temps et retourner au plus vite à leur travail, le couple de paysans décide d’annoncer la mort du vieillard et de fixer la date de l’enterrement. Mais le vieux n’est pas mort, et ne semble pas vouloir mourir. Alors que les invites arrivent à l’enterrement, il n’est pas encore mort !
Il mourra finalement alors que les invites mangent les « douillons » prévus pour les funérailles. Pour le couple de paysans, les préparatifs et la cérémonie (et les dépenses !) devront être organisés à nouveau, deux jours plus tard.

Le portrait de ce couple de paysans est tendre, mais sans douceur. Ils connaissent le prix de l’argent et les efforts que demandent la terre. S’ils veulent respecter les convenances et traiter le vieux comme il se doit, ils sont résignés devant le cycle de la vie, et traitent la mort comme un événement banal de l’existence.
Les dialogues, dans un dialecte et avec des intonations paysannes, rendent cet extrait particulièrement vivant ! Maupassant était un excellent dialoguiste, qui savait illustrer son propos avec précision, par la bouche de ses personnages.

Un Lâche, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant

Cette nouvelle présente un autre portrait, celui d’un « homme du monde », le vicomte Gontran-Joseph de Signoles. A votre avis, comment réagira le vicomte, le jour où il sera amené à se battre en duel ?

“On l’appelait dans le monde: le «beau Signoles.» Il se nommait le vicomte Gontran-Joseph de Signoles.Orphelin et maître d’une fortune suffisante, il faisait figure, comme on dit. Il avait de la tournure et de l’allure, assez de parole pour faire croire à de l’esprit, une certaine grâce naturelle, un air de noblesse et de fierté, la moustache brave et l’œil doux, ce qui plaît aux femmes.
Il était demandé dans les salons, recherché par les valseuses, et il inspirait aux hommes cette inimitié souriante qu’on a pour les gens de figure énergique. On lui avait soupçonné quelques amours capables de donner fort bonne opinion d’un garçon. Il vivait heureux, tranquille, dans le bien-être moral le plus complet. On savait qu’il tirait bien l’épée et mieux encore le pistolet.
—Quand je me battrai, disait-il, je choisirai le pistolet. Avec cette arme, je suis sûr de tuer mon homme.

Un Lâche, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant


Un Lâche, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant – commentaires

Le vicomte Gontran-Joseph de Signoles a tout d’un homme du monde. Il est beau, riche, apprécié, admiré, et même sportif, car il excelle au combat à l’épée et au pistolet.
On se situe ici dans un environnement « Ancient Régime », sans doute dans la vieille noblesse parisienne.
On s’attend à ce que, amené à se battre en duel, le vicomte sorte vainqueur, auréolé d’encore plus de charmes et de noblesse.

C’est le contraire qui se produit. Au fil de la nouvelle, la vicomte doute de plus en plus du déroulement et de l’issue du duel. Il craint pour sa vie, il craint d’être lâche, il craint de perdre son prestige… en réalité, il craint tellement ce duel qu’il finit par se suicider, avant même d’avoir rencontré son adversaire.

C’est là tout l’art des chutes des nouvelles de Maupassant… L’intrigue se construit lentement, fondée sur la description précise des personnages et de leurs environnements, quand soudain, la chute (=la fin de l’histoire, qui comporte un caractère inattendu), vient bouleverser toutes les hypothèses et les attentes du lecteur !

La Main, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant – extrait d’un conte fantastique

“C’était un grand homme à cheveux rouges, à barbe rouge, très haut, très large, une sorte d’hercule placide et poli. Il n’avait rien de la raideur dite britannique et il me remercia vivement de ma délicatesse en un français accentué d’outre-Manche. Au bout d’un mois, nous avions causé ensemble cinq ou six fois.
Un soir enfin, comme je passais devant sa porte, je l’aperçus qui fumait sa pipe, à cheval sur une chaise, dans son jardin. Je le saluai, et il m’invita à entrer pour boire un verre de bière. Je ne me le fis pas répéter.
Il me reçut avec toute la méticuleuse courtoisie anglaise, parla avec éloge de la France, de la Corse, déclara qu’il aimait beaucoup cette pays, et cette rivage.
Alors je lui posai, avec de grandes précautions et sous la forme d’un intérêt très vif, quelques questions sur sa vie, sur ses projets. Il répondit sans embarras, me raconta qu’il avait beaucoup voyagé, en Afrique, dans les Indes, en Amérique. Il ajouta en riant:
—J’avé eu bôcoup d’aventures, oh! Yes.”

La Main, Contes du Jour et de la Nuit, Guy de Maupassant