Flaubert et Madame Bovary – Analyse

Flaubert et Madame Bovary - Analyse

Gustave Flaubert, portrait – Flaubert et Madame Bovary – Analyse – Sources de l’image

Qui était Gustave Flaubert (1821-1880) ?

Gustave Flaubert est né en 1821, dans une famille bourgeoise. Son père était chirurgien.
En 1841, il commence sans conviction des études de droit à Paris, qu’il interrompt, à cause d’une maladie (épilepsie).
A partir de 1844, il retourne vivre chez ses parents et se concentre sur l’écriture. Il écrira toute sa vie, des romans, du théâtre et beaucoup de lettres.
Ses romans les plus connus sont Madame Bovary (1857) et Salammbô (1862), un magnifique roman historique qui se situe à Carthage, dans l’Antiquité.

Caractéristiques des œuvres de Flaubert :

  • Des influences romantiques : Flaubert est à la fois influencé par les grands auteurs romantiques du début du dix-neuvième siècle et marqué par les déceptions de sa vie amoureuse. Cette double tendance apparait de façon particulièrement notable dans Madame Bovary. Les aspirations romantiques contrariées et l’échec de ses propres amours, conduiront Emma à sa perte.
  • Le réalisme : Flaubert analyse ses personnages et décrit leur environnement avec une rigueur presque scientifique. Pour écrire Salammbô, par exemple, il passera cinq ans à voyager en Afrique du Nord et à lire des études historiques et archéologiques !
  • La recherche de la perfection dans l’écriture : le travail de l’écriture représente une vraie souffrance pour Flaubert. Il veut que chaque mot soit bien choisi, ait une sonorité parfaite. Tout sa vie, il reste enfermé pour écrire des heures et des heures. Il écrit, rature, réécrit encore et encore chacun de ses passages… et quand il a fini, il les lit à voix haute dans son « gueuloir », pour vérifier leur cohérence, leur porté et leur beauté sonore !

Gustave Flaubert meurt en 1880, épuisé par une vie d’écriture.

Page du manuscrit définitif de Madame Bovary, de Gustave Flaubert (publié en 1857) – Sources

Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert, un roman réaliste

Madame Bovary est un roman magnifique et très connu, que l’on rattache généralement au courant réaliste.
Il est publié, en feuilleton entre octobre et décembre 1856. Immédiatement, il est attaqué en justice pour irréligion et immoralité.

Il raconte la vie adulte d’Emma, qui a épousé un médecin de campagne sans ambition, Charles Bovary, et qu’elle trouve absolument sans intérêt. Emma rêve au contraire d’amours romantiques de luxes et d’escapades chevaleresques. Elle tombe amoureuse d’autres hommes et s’endette à l’infini, dans l’espoir d’un idéal inaccessible. Poursuivie par ses créanciers (ceux à qui elle doit de l’argent), abandonnée par ses amants, elle finit par se suicider.

Le roman apporte un soin particulier à décrire l’environnement et la psychologie de chacun des personnages, avec beaucoup de finesse. Chaque personnage, d’ailleurs, semble plein de défauts, de vices, et enchaine les erreurs. Le tableau général est gris et pessimiste, mais incroyable de finesse et de justesse des caractères.

Le contexte – Gustave Flaubert et Madame Bovary – Analyse 

Emma est une jeune femme pleine d’idéaux. Elle a été élevée dans un couvent (= éducation religieuse) et a passé sa jeunesse à lire de la littérature romantique et passionnées.

Un jour, son père se casse la jambe. Il est soigné par un jeune médecin de campagne. Ce jeune médecin n’a pas beaucoup de qualités : il n’est pas très brillant, il n’est pas très aventureux… mais c’est le premier homme qu’Emme fréquente de près.
Il l’intéresse. Elle se croit amoureuse. Rapidement, ils décident de se marier.

Au bout de peu de temps, Emma découvre que Charles n’est pas le chevalier dont elle avait toujours rêvé…

Extrait – Gustave Flaubert et Madame Bovary – Analyse

Elle songeait quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en aller vers des pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses ! (…) Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. (…) Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu’un la confidence de toutes ces choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d’aspect comme les nuées, qui tourbillonne comme le vent ? (…)

Si Charles l’avait voulu cependant, s’il s’en fût douté, si son regard, une seule fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu’une abondance subite se serait détachée de son cœur, comme tombe la récolte d’un espalier quand on y porte la main. Mais, à mesure que se serrait davantage l’intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui.

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait rencontré dans un roman.

Extrait de Madame Bovary (1857) – questions – les aspirations d’Emma

Pourquoi cette période devrait-t-elle être celle des « plus beaux jours de la vie » d’Emma ? (Paragraphe 1)

Que manque-t-il à Emma pour être heureuse ? (Paragraphe 1)

Qu’est-ce qu’Emma aimerait faire avec son nouveau mari ? (Paragraphe 1)

Emma habite dans un petit village de Normandie. Pourquoi pense-t-elle qu’elle ne pourra pas trouver son bonheur dans cet endroit ? (Paragraphe 1)


Extrait de Madame Bovary (1857) – réponses – les aspirations d’Emma

Pourquoi cette période devrait-t-elle être celle des « plus beaux jours de la vie » d’Emma ? (Paragraphe 1)
À ce moment du roman, Emma est jeune. Elle vient tout juste de se marier. C’est un moment de la vie où l’on est amoureux, où on a la vie devant soi, où l’on fait des projets. C’est une époque qui est supposée être heureuse.

Que manque-t-il à Emma pour être heureuse ? (Paragraphe 1)
Emma rêve de lieux exotiques et tropicaux : « des pays à noms sonores », des couchers de soleil, « le parfum des citronnier »… Tout cela manque à son bonheur.

Qu’est-ce qu’Emma aimerait faire avec son nouveau mari ? (Paragraphe 1)
Emma rêve qu’avec son nouveau mari, ils sont « seuls et les doigts confondus » et qu’ils « regarde[nt] les étoiles en faisant des projets »
*Les doigts confondus = se donner la main pour ne faire plus qu’un (l’image est très romantique)

Emma habite dans un petit village de Normandie. Pourquoi pense-t-elle qu’elle ne pourra pas trouver son bonheur dans cet endroit ? (Paragraphe 1)
« Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur » : pour Emma, être heureux, c’est vivre dans un environnement particulier, tel qu’on en voit dans les romans. Elle pense que là où elle est, elle ne saura jamais trouver ce bonheur.

Extrait de Madame Bovary (1857) – questions – déceptions d’Emma et critiques de Charles

À qui parle-t-elle de ses rêves et de ses déceptions ? (Paragraphe 1)

Pourquoi ne parle-t-elle pas de ses rêves à Charles ? (Paragraphe 2)

Quelle est la conséquence de ce manque de communication avec Charles ? (Paragraphe 2)

Quels sont les défauts de Charles ? (Paragraphe 3)


Extrait de Madame Bovary (1857) – questions – les déceptions d’Emma

À qui parle-t-elle de ses rêves et de ses déceptions ? (Paragraphe 1)
« Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu’un de la confidence de toutes ces choses. » Emma aimerait parler de ses rêves à quelqu’un. Mais elle ne sait pas l’exprimer : « comment dire en insistant saisissable malaise… » et surtout, elle ne sait pas à qui l’exprimer.

Pourquoi ne parle-t-elle pas de ses rêves à Charles ? (Paragraphe 2)
« Si Charles l’avait voulu… » En plus de la difficulté à exprimer ses sentiments confus, il semble à Emma que Charles n’est pas prêt à écouter ses rêves ou ses désirs. Elle s’imagine que si son mari voulait l’entendre, elle communiquerait avec lui. Par ces mots, elle fait porter à son mari toute la responsabilité de ses rêves brisés.

Paragraphe 2 : Quelle est la conséquence de ce manque de communication avec Charles ? (Paragraphe 2)
« Un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui. » Emma ne se sont pas comprise par son mari. Cette incompréhension l’éloigne de lui, la sépare de plus en plus de lui, si bien qu’à chaque fois qu’elle pense à lui, à chaque fois qu’elle le voit, elle lui trouve un nouveau défaut, et découvre une nouvelle raison de le trouver sans intérêt.

Extrait de Madame Bovary (1857) – réponses – les défauts de Charles

Quels sont les défauts de Charles ? (Paragraphe 3)
« La conversation de Charles était plate comme un trottoir » : un trottoir, c’est le bord de la route. C’est plat, banal, sans intérêt. Quand Charles parle, il ne dit rien d’intéressant, seulement des banalités.

« Il n’avait jamais été curieux » : alors que Emma rêve d’exotisme et de lointain, Charles se satisfait de sa vie sans grandeur et sans relief. Et le pire aux yeux d’Emma, c’est qu’il ne cherche même pas à savoir ce qui se passe à Paris !

« Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet… » : Il ne connaît rien aux activités sportives ni aux activités des gentilhomme. C’est l’opposé absolue de l’homme idéal dont rêverait Emma !

« Il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait rencontré dans un roman. » L’équitation, c’est le fait de monter à cheval. Et ici, Emma reproche à Charles de ne pas connaître un mot du vocabulaire équestre, trouvé dans un livre. Cette critique est sans doute injuste : il arrive de ne pas connaître certains mots, surtout techniques… La critique d’Emma est très subjective. Tout son malheur, toute sa frustration, toute sa déception, elle la rattache à son mari qui certes ne semble pas très intéressant mais qui ne semble ne plus pas coupable de quoi que ce soit vis-à-vis d’elle.

Ce passage est un tournant du roman. Il marque le début d’une existence de frustrations de plus en plus fortes chez Emma, qui la mèneront à sa perte.